Perspectives

A disorganized collection of texts in french

Ecrits Virginie Pols Ecrits Virginie Pols

Guérir les os

Il y a quelques mois, je me mis à souffrir de la clavicule gauche. La douleur s'étendit à toutes les articulations du côté gauche. Épaule, poignet, hanche, genou, cheville. Je tentai divers traitements, anti-inflammatoires, ostéopathie, huiles essentielles, soins énergétiques, kiné, rien n'y fit. Las, un soir avant de m'endormir, je plaçai l'intention d'un rêve de guérison.

A partir d’une douleur diffuse à la clavicule, je me mise à souffrir de toutes les articulations du côté gauche en quelques mois. Épaule, poignet, hanche, genou, cheville. Après avoir consulté médecins généralistes et spécialistes qui restaient perplexes, je tentai d’autres traitements: anti-inflammatoires, kinésithérapie, ostéopathie, soins énergétiques, rien n'y fit.

Las, un soir avant de m'endormir, je plaçai l'intention d'un rêve de guérison.
La même nuit, je rêvai d'une lumière blanche d'où émergea bientôt, marchant dans ma direction mon oncle et parrain Werner, depuis longtemps décédé. Il était le cadet d'une fratrie composée de mon père, du frère jumeau de Werner et d'une sœur dont personne n’avait plus de nouvelles depuis 30 ans.

Rêve
”Lorsque Werner apparait, ses jambes forment un X. Il me dit que “dans la famille les choses sont croisées et demandent à être redressées”. Une petite belette est juchée sur son épaule gauche. Dès qu’il a terminé sa phrase, elle court vers moi, entre dans mes os et tourne de plus en plus vite, comme si elle nettoyait des tuyaux. Puis elle disparaît. Je vois que les jambes de Werner sont redevenues normales et toutes droites. Il me lance avant de disparaître: "Dis à ton père de m'appeler". Fin du rêve.

Dès le lendemain matin, j’appelai mon père pour lui raconter ce rêve comme me l’avait demandé mon oncle défunt. Il n'en fit pas grand cas. Mais quelques jours plus tard, sa soeur, après 30 années de silence reprit contact avec ses deux frères encore vivants. Pendant plusieurs semaines, ils eurent de fréquents contacts et rétablirent leurs liens, avant qu’elle ne décède sereinement quelques mois plus tard. Dans les jours qui suivirent le rêve, mes douleurs disparurent complètement. 

J’ai depuis rencontré à plusieurs reprises la petite belette dans le monde de veille. Chaque fois dans des situations qui appelaient l’observation, le discernement, la fluidité; 'déboucher les tuyaux', quels qu'ils soient. 

Ce rêve combine plusieurs aspects fondamentaux de la pratique auxquels je reviendrai plus en détails dans d’autres billets: l'intention, la rencontre avec les défunts, le contact avec des animaux alliés qui enseignent leur médecine particulière et prêtent leurs forces et particularités au rêveur.

Les rêves sont aussi des réseaux d'intéraction et de coopération entre les règnes au-delà du temps, de l'espace et de la forme tels que nous les connaissons.

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La vieille Mathilde

J'entend le chant du coup de balai devant la porte; le soir est donc venu.
Avant que ce jour ne s'éteigne, tout sera accompli selon des gestes immuables.

J'entend le chant du coup de balai devant la porte; le soir est donc venu. 
Avant que ce jour ne s'éteigne, tout sera accompli selon des gestes immuables. 
Elle ramasse les fleurs, les pommes, les roses, les feuilles. Au rythme des saisons, le dos de plus en plus courbé, elle recueille avec soin ce que lui offre sa terre. On ne gaspille pas impunément la vie.
Elle a 100 ans. Elle a mille ans. 
La vieille. La vieille Mathilde.
Elle a mis sa jaquette douce, même par cette soirée chaude.

Son visage est une oeuvre sculptée: sillons de rires et de souvenirs crépusculaires qui se perdent dans ses cheveux blancs. 
Chaque heure, chaque minute a sa place propre, honorée du geste qui lui correspond.

Elle est devenue le Temps, les saisons, le rythme. Elle s'est fondue et soudée dans son mouvement. Le rythme qui donne la forme. 
Presque rien ne subsiste d'elle. De ses désirs, élans, souffrances, espérances. Elle s'est vidée peu à peu de tout, sublime carcasse qui laisse désormais passer la lumière.

Restent deux yeux délavés, chaque jour un peu plus clairs, reste l'économie du geste et la prière du soir: 'Mon Dieu, Toi qui m'aime telle que je suis...'

Il reste le souffle. Il reste le rêve: celui de retourner à la lumière, à la maison, lorsque la tâche aura été accomplie et l'expérience terminée.

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Rêve conscient et recouvrement d’âme

Nous avons évolué dans des systèmes familiaux, sociaux, religieux et culturels dont nous portons les empreintes sous forme de croyances qui forment notre réalité au quotidien et la façon dont nous interagissons avec notre environnement.

Nous avons évolué dans des systèmes familiaux, sociaux, religieux et culturels dont nous portons les empreintes sous forme de croyances, dont on a conscience ou non. Et ce sont ces croyances qui façonnent notre réalité au quotidien et la façon dont nous interagissons avec notre environnement.
Cette réalité est le Rêve que nous vivons. Et que nous avons créé, ou plutôt “acheté” et donc que nous pouvons transformer.
Notre corps nous indique à travers des symptômes, des maladies, des schémas de vie répétitifs, des ressentis d’impuissance, de confusion, d’anxiété que nous ne sommes plus « accordés » à notre être profond. Ces difficultés nous placent devant un vide d’âme, qui peuvent aussi être entendus comme des vides de conscience, des espaces en nous d’où nous nous sommes absentés. 

Accepter entièrement l’expérience qui nous y a plongé, c’est se placer face à nos plus grandes peurs, accepter que ce qui a pu être une solution de survie à un moment donné de notre parcours est devenu ce qui nous limite. 
Rêver consciemment c’est permettre cette rencontre avec notre essence, indestructible et lumineuse qui a courageusement survécu à tous nos chemins de traverse et nos désespérances. 

Le Rêve conscient est un élargissement de conscience, comme une lampe de poche dont on agrandirait le faisceau-, permet de circuler entre les mondes visibles et invisibles, au-delà des filtres inconscients et des croyances.
Libres d’explorer la ligne du temps et de l’espace et d’y interagir grâce au gouvernail de l’intention, nous pouvons visiter des parts de nous, restées en d’autres temps, d’autres lieux, d’autres rêves ou auprès d’autres êtres, qui attendent que nous venions les chercher afin que le trésor qu’elles contiennent circule librement dans notre présent.  Nous pouvons être le mentor et l’accompagnant de ces parts de nous qui ont peur. Il ne s’agit pas ici de faire de la psychologie, ni de fouiller dans les tréfonds du passé mais plutôt de faire volte-face et d’aller reconnaître la partie de l’expérience humaine que nous avions un jour refusée, ou à laquelle nous avions résisté.

Ce faisant, nous donnons voix, corps et attention à ces parties d’âme restées sur le bord du chemin, nous les invitons à nous rejoindre afin que, reprenant toute leur place, elles nous rendent à nous-mêmes, à notre puissance et notre intégrité originelle.

« Il n’est que l’expérience menée à terme qui libère « 
C. Singer

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Evaluation - évolution

Des élèves de gymnase ouvrent un site pour évaluer leurs professeurs. Tollé de la directrice, de l’association des professeurs de gymnase avec comme conséquence pour les élèves trois semaines de suspension.

Des élèves de gymnase ouvrent un site pour évaluer leurs professeurs. Tollé de la directrice, de l’association des professeurs de gymnase avec comme conséquence pour les élèves trois semaines de suspension. 
« Hormis l’aspect démagogique et commercial de l’évaluation des professeurs par les élèves...la démarche publique amène des risques de disqualification et d’atteinte à l’image.» F.E Nicolet, présidente de l’AVMG (Association vaudoise des Maîtres de gymnases). 
En effet, Madame la Présidente. Risques de disqualification et d’atteinte à l’image. C’est ce que nos enfants vivent dès leur plus jeune âge au sein de nos sociétés. C’est ce que nous- mêmes avons vécu, accepté et continuons à faire vivre à ceux qui nous entourent et aux générations suivantes. Nous évaluons. Tous nos systèmes, qu’ils soient familiaux, éducatifs, sociaux, économiques, religieux sont basés sur une logique d’évaluation. 
Evaluer, c’est donner une valeur à quelque chose, à quelqu’un par rapport à un ensemble de critères qui fonde une vérité commune. Cette vérité commune n’est qu’une perception de la réalité. C’est pourtant sur elle que reposent nos évaluations, c’est-à-dire la mesure de l’adéquation à une valeur extérieure acceptée comme juste, en négligeant l’adéquation à un sentiment de justice intérieure. Il en résulte une disqualification de l’être humain. 
Du coup apparaît une dissociation entre ce qu’il est dans son être profond et ce qui est attendu de lui, ce à quoi il croit devoir correspondre pour maintenir le lien affectif et nourricier du clan humain au sein duquel il évolue. Dissociation entre l’être, libre, illimité et l’individualité domestiquée dans lequel il est censée se tenir. Il se vit désormais séparé. Entre l’âme et le corps, entre le divin et le mortel, entre l’esprit et la matière. 
Afin d’assurer sa survie au sein de son clan, l’être humain apprend très tôt à modeler son image, restreindre ses désirs, adapter ses comportements aux croyances -au Rêve- de ceux qui l’entourent, famille, société, histoire humaine et mythes fondateurs jusqu’à les faire siens. Pendant ce processus de conditionnement au vivre-ensemble tel qu’il existe dans la plupart de nos sociétés, il se coupe lentement de l’élan créateur qui lui est propre, des désirs de son âme et de sa nature originelle. Il se coupe aussi de son chemin unique et sacré et par là même, de son unicité avec la vie elle-même. 
Cette dissociation, profondément douloureuse, nécessite donc une lente anesthésie. Et nous voici, tous autant que nous sommes, à vivre endormis, -en tous cas somnolents-, ignorants de « qui » nous sommes réellement, comme de notre appartenance à un ordre des choses plus vaste. 
Mais....la force de vie est là. Elle sourd partout et cherche inlassablement un chemin pour nous réveiller et nous ramener vers nous-mêmes. Comme un pressentiment parfois bruyant, nous sentons quelque chose murmurer en nous, quelque chose comme un grand rêve, un appel vers une plus grande version de soi, un désir de partager avec tous à partir de ce qui fait de chacun de nous un être unique et universel. 
Les élèves concernés décident d’évaluer à leur tour. Oeil pour oeil. 
En utilisant ces mêmes armes qui les ont crucifiés, ils disqualifient à leur tour l’être profond d’autrui par l’imitation d’une logique de jugement qu’ils acceptent. Ces armes, fondées sur les valeurs économiques étendues aujourd’hui à tous les aspects de nos existences, nient la possibilité à l’être humain de son humanité même; à savoir que sa seule présence au monde est nécessaire et suffisante et constitue en elle-même un miracle offert à tous. 
Utiliser les mêmes armes c’est faire du neuf avec du vieux. 
Or seule la rébellion permet la possibilité d’un champ neuf. L’acte de rébellion est un acte de foi envers ce qu’il y a de plus vivant en nous, et qui nous interpelle: « Non, ceci n’est pas ce que je ressens! Cesse de me dire comment je devrais être, vivre, aimer, ressentir, me comporter! Cesse de me juger.» Sursaut de la vérité profonde de l’âme, il permet de mobiliser nos forces vives et souvent collectives. Comme un pied d’appel, il nous propulse vers d’autres rives lorsque nous nous réveillons de nos endormissements, peurs et conformismes variés, lorsque nous prenons conscience des abîmes qui nous séparent de ce que nous percevons dans le fond de notre être comme étant juste et ce que nous avons accepté comme valeur extérieure jusqu’alors. 
Afin que cette possibilité se matérialise dans quelque chose de résolument neuf, en une proposition nouvelle de vivre, pour soi et pour les autres, il faut reconnaître en soi sa capacité à créer à partir de cette autre réalité, ce rêve qui nous parle depuis toujours et qu’on a si peu entendu. 


Le vivre-ensemble, quel qu’en soit sa forme et où que ce soit sur notre planète se fonde sur des valeurs communes. Elles ont besoin, pour accompagner le mouvement inexorable d’expansion du vivant d’être remises en question. D’abord au niveau individuel et détruites -ou pas-, afin que de ces cendres naisse quelque chose d’infiniment nouveau.

Juin 2016

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Le temps du rêve

Espace de création pure et de tous les possibles, le Rêve est le monde au-delà du monde, des frontières, des particularismes, de toute forme de séparation et de conditionnel. C'est dans le Rêve que toute chose prend source et a son origine.

Espace de création pure et de tous les possibles, le Rêve est le monde au-delà du monde, des frontières, des particularismes, de toute forme de séparation et de conditionnel. C'est dans le Rêve que toute chose prend source et a son origine.
Le Temps du Rêve des aborigènes australiens se réfère au champ mythique des possibles où l’Etre premier rêva le monde et lui donna forme. Tout ce qui existe autour de nous -et nous-mêmes- a d'abord été une intuition, un rêve, avant de prendre forme dans la matière. 
Etat de conscience non ordinaire pratiqué depuis plus de 40’000 ans par les chamans tout autour du globe, le Rêve est la première façon de contacter les esprits, de rendre visite à l’âme des choses, des êtres, du Vivant et de transformer ce qui a pu être dérangé dans la grande trame cosmique. C’est par sa pratique que le chaman-rêveur, garant de la pérennité physique et spirituelle de la tribu, cherche, obtient et transmet les informations vitales à la survie du groupe (cohésion, cohérence émotionnelle, guérison du vivant, lieux de chasse, avertissements).

La bonne nouvelle, c'est que nous sommes tous des rêveurs et donc des créateurs. 

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Ecrits Virginie Pols Ecrits Virginie Pols

Voyage vers le Portail de la Grande Ourse

A Tuva, en Sibérie, la représentation des 7 étoiles de la Grande Ourse orne les attributs des chamans, manteaux, chapeau, masques et est omniprésente dans leur cosmogonie.

A Tuva, en Sibérie, la représentation des 7 étoiles de la Grande Ourse orne les attributs des chamans, manteaux, chapeau, masques et est omniprésente dans leur cosmogonie.
Chaque être humain est relié dès sa naissance à l’une des 7 étoiles de la Grande Ourse, selon l’astrologie touvaine.
L’étoile a toujours montré le chemin aux humains, qu’ils soient navigateurs, explorateurs ou Rois en tous genres.
Dans le tarot, l’arcane 17, l’Etoile, -en hébreu Pé- signifie la Bouche, l’expression. L’Etoile se tient nue, confiante, elle est l’expression de sa propre vérité. Elle tient une jarre d’eau, qu’elle verse. Par cette eau, reliée à la source, elle est elle-même source.
Dernier portail entre le cosmos, l’esprit divin et le monde la matière, voici une balade aux confins des mondes, vers notre but et notre origine.


C’est une douce nuit d’été, tu es couché sur la terre, tu te sens soutenu et confiant, tu laisse reposer ton poids sur le sol encore tiède de cette magnifique journée. Au-dessus de toi, la voûte céleste, des millions d’étoiles, des petites, des grandes, certaines d’une blancheur éblouissante, d’autres plus éloignées, certaines un peu rouges, d’autres bleues, oranges, blanches.
Tu repères la constellation de la Grande Ourse. 7 étoiles, sous la forme d’une casserole.
A gauche, 3 autres étoiles forment le manche.
Une de ces étoiles t’attire. C’est ton étoile-soeur, gardienne de ton but et de ton origine.
Tu vois un chemin de lumière se dessiner entre toi et ton étoile. Ce chemin est une rivière de lumière blanche, il y a une barque qui vient jusqu’à toi. Embarque et voyage jusqu’à ton étoile. 
Ici tu es à la maison, aimé, en sécurité et ton étoile-soeur t’accueille. Elle a quelque chose d’infiniment précieux pour toi concernant la suite de ton chemin sur Terre.
C’est le moment de recevoir ton trésor. Quelque chose dont tu rêves depuis très très longtemps, et que tu avais oublié.
Lorsque tu auras reçu et remercié, tu peux demander à ton étoile si tu peux faire quelque chose pour elle.
Lorsque tu reviens dans ton corps, après quelques instants de repos, lève-toi, laisse se densifier ce nouveau rêve, en sons, odeurs, ressentis, remarque le plus d’éléments possibles, personnes, lieux, choses, et ressens la joie de vivre ce rêve. 
Puis ce rêve devient un serpent d’énergie qui pénètre par le sommet de ton crâne et traverse tout ton corps pour s’enfoncer profondément dans la Terre.
Bon voyage

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Virginie Pols Virginie Pols

Debout!

Tout s’éveille doucement lorsque le chant de l’oiseau perce les mondes.
Sortir des bulles d’univers et s’ouvrir tout entier sous la caresse de l’âme du monde.

Tout s’éveille doucement lorsque le chant de l’oiseau perce les mondes.
Sortir des bulles d’univers et s’ouvrir tout entier sous la caresse de l’âme du monde.
Hey Hey Debout!
Présent au présent
Rassemblé et concentré en chaque grain de ta peau
qui s’érige pour recevoir les lèvres de vie

L’odeur des grands pins, la douceur du figuier, l’ardeur des fleurs de garrigue, les pierres encore chaudes des soleils nocturnes, 
Tout t’appelle!
Hey Hey Debout!
Réveille tes sens et lève-toi au milieu des ruines de l’instant d’avant.

Debout! Au centre de ton feu, souffle, 
Souffle en dansant les alouettes de l’aube, les lianes rugueuses et déterminées du vieux lierre, la délicatesse ourlées des corolles entr’ouvertes.
Hey Hey Debout!
Dis tout ce qui te porte
Invente ton langage, trouve ton chant, ta voix et ton drapeau
Et va pieds nus
Sans avoirs et sans rien retenir dans la sensualité du monde 
Puis offre-la aux autres.

Galope sur la première brise du jour,
Corps âme et esprits ouverts à ce qu’il y a de plus vivant et de plus sauvage en toi.
Les rochers, les herbes folles et l’appel du vent.
Vois tout ce qui se cache encore et réveille-le à ton tour.

La caresse des mondes est une offrande à tous les Dieux qui vivent en nous
Et qui ce matin, encore une fois,
Exultent dans leur danse barbare leur joie d’être vivants quand tu te lèves.

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Ecrits Virginie Pols Ecrits Virginie Pols

Humus

Le ciel est bas, tumultueux, d’un gris ombré, presque mauve. Inlassablement, le vent peint et repeint d’étranges formes, comme un désir d’artiste inassouvi.

Le ciel est bas, tumultueux, d’un gris ombré, presque mauve. Inlassablement, le vent peint et repeint d’étranges formes, comme un désir d’artiste inassouvi.
Son souffle puissant a éteint le silence. 
Je longe le mur en pierres sèches, l’effleure. Tenace, serein, rugueux. Il est le seul élément stable dans l’absolu qui m’entoure.
Tout attend l’orage. 
Trois papillons s’envolent dans l’air électrique. Sur leurs ailes déployées baigne la joie inaltérable de l’univers. 
On dirait que la terre va se jeter au ciel. 
Les premières gouttes m’atteignent à la lisière de la forêt. Tout s’éveille, bruisse et s’ouvre alentour, tissé ensemble par la même puissance primordiale qui fait imploser les pierres et nous jeter les uns contre les autres.  
Les éléments se déchaînent. 
S’en protéger?
Quelle idée! Je suis retournée à l’enfance, le seul lieu qui sache m’offrir des rêves à sa mesure, et moi, j’y ai planté mes racines. 
Je vais jouer! et j’aurai peur, oh oui... on dira que j’aurai peur! 
La vie prends les couleurs flamboyantes de l’eau du ciel. Pour la rejoindre, je dois frôler ce qui en moi est le plus semblable à l’eau, au ciel, à l’incendie. 
Je deviens eau, torrent, lac, buée, nuage, tout ce qui ne se laissera jamais contenir. 
Mille voix se répondent en une symphonie silencieuse. Le souffle ample des vents, les gémissements des grands pins, le chant de la pluie, même le silence...
Je suis ivre d’être femme, ivre d’être vivante, et la nuit qui vient est immense.
J’entends qu’on m’épelle. 
Alors je réponds. 
Mais certaines réponses ne nous appartiennent pas.
Je glisse vers la terre.
Chaque brin d’herbe hurle sa joie d’être. Mes sens dessinent les contours de mon âme et je deviens vaste... je leur fait confiance, ils savent bien, eux, comment me conduire vers la lumière. 
J’ai traversé la grotte, les mondes et les nuits. Je m’enfonce dans l’humus et tout mon être tend vers le ciel.
Avec joie, fureur et intensité.
J’ai trouvé ma place dans le grand rire de Dieu.

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Je suis

Chère âme,

Je me suis donc laissée flotter jusqu’à notre origine dans des halos caressants de lumière bleue. Leurs particules ont défait mon corps, douchant chaque cellule, puis les recomposant doucement dans la lumière suivante; rouge, orange, jaune.

Chère âme,

Je me suis donc laissée flotter jusqu’à notre origine dans des halos caressants de lumière bleue. Leurs particules ont défait mon corps, douchant chaque cellule, puis les recomposant doucement dans la lumière suivante; rouge, orange, jaune. Poussée par le désir de suivre ce couloir de couleurs, comme à l’intérieur d’un grand serpent, je suis dans les halos jaunes lorsque je vois l’intensité éblouissante de la lumière suivante. Blanche. L’espace s’ouvre, je suis au bout du serpent, plus rien ne contient rien. Vertige... je résiste et tout se bloque. Je refuse d’aller plus loin. Sans repère, sans allié, sans bâton. De ma propre terreur surgit une vitre entre la lumière et moi, empêchant tout accès vers les éblouissements. 
Vois-tu un peu, chère âme...je ne pouvais plus passer. Je le voulais pourtant! Mais ma volonté s’est brisée contre la vitre. J’en meurs d’envie. 
Alors j’ai senti. Senti. Senti. Toute entière. Je suis devenue froide comme ma peau contre la vitre, et dans ce froid, la terreur du néant et du silence a pris toute la place.
Glisse. Lâche. Plonge!
Soudain, plus de vitre, je me fonds dans la lumière. En apesanteur, j’attends longtemps, longtemps...jusqu’à devenir un bras immense, qui effleure le sol fertile, la cimes des hauts sapins, chaque brin d’herbe et tout le lichen de la forêt. De géante je deviens minuscule, je caresse la feuille d’alchémille et je deviens l’alchémille, ma surface alourdie par le poids de la goutte de rosée. Je plonge dans la goutte et deviens l’Eau. Je suis le fond suintant et sombre du puits, et sa margelle en pierre, moussue et tiède de soleil. Je suis le soleil. Je vais vers une étoile et j’en deviens le coeur.
Je suis le vent. Le sable, le poil du renard, l’écaille du poisson, le trait de lumière et le reflet de la lune. Je suis chaque particule de matière.
Mais où sont les humains? Je deviens alors foie d’être humain. Et aussi l’homme à qui il appartient. Je suis chaque homme. Chaque femme. Chaque enfant. Chaque animal, chaque plante et chaque pierre. L’entier et les parties. Je porte en moi tous les visages du monde et le monde lui-même.
Je suis donc toi aussi.
Accueille-moi encore une fois, je suis enfin prête. 
Puis nous retournerons à la maison.
Tu écoutes et j’entends.
Tu sens et je hume.
Tu vois et je regarde.
Tu existes et je te rêve.
Nous sommes.
Je suis

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Ecrits Virginie Pols Ecrits Virginie Pols

Désert

Je trébuche. A bout de forces, à bout de courage, à genoux, en lambeaux, je meurs tout bas d’une souffrance qui n’est pas à ma mesure. La nuit est noir-néant. J’ai perdu jusqu’à mon bâton.

Je trébuche. A bout de forces, à bout de courage, à genoux, en lambeaux, je meurs tout bas d’une souffrance qui n’est pas à ma mesure. La nuit est noir-néant. J’ai perdu jusqu’à mon bâton. 
Le vertige a depuis longtemps submergé cet espace d’un silence absolu. Un silence qui pétrifie, qui assèche, qui ride. Qui prépare. Ici, la Terre a fini de rêver. 
Je tombe.

Sous ma joue, la peau rugueuse du désert me rappelle que j’ai encore un corps. Un corps? Un corps... qui désormais refuse de résonner. Sur ma peau, chaque grain de sable est une larme de la même pierre. 
Je tourne mon visage vers les étoiles afin que mon dernier regard soit pour quelque chose d’intact. 
A cet instant précis, un souffle...une odeur... Un feu brûle quelque part! 
Je n’ai donc pas encore la permission de mourir. 

“Je suis le gond, tu es la porte. Sèche tes larmes, elles sont l’ultime preuve de ton orgueil. Sache que sans toi, il manque tout. L’univers n’existe que pour nourrir ton rêve. Lève-toi! Et porte-le au plus haut!”
Des bulles de mémoire viennent jouer sur le sable et racontent que chaque rêve est la promesse faite au monde de devenir plus vaste. 
J’existe parce que d’abord on m’a rêvée. 

Chacun son nom, chacun son rêve. Mon nom? Je l’avais oublié. 
Vite, rassembler les mille éclats de mon être, ordonner les lettres, former des mots, me construire un langage. Je vais me réinventer et me remettre en jeu. 
Donne-moi à boire, j’ai soif!
A quelle source appartient le pouvoir du rêve? Je plonge et je bois, là où court, sauvage, la force vive du monde. Je bois et deviens présente, vivante dans toutes les dimensions de tous les mondes. 
Mes mains s’enfoncent dans le sable pour me relever, transformant mon désespoir en quelque chose de plus grand afin de ne pas trahir ce qui m’y a plongée.
Racines plantées au ciel, chacune de mes branches devient joie tranquille et réconfort lancée vers de probables ailleurs. Pour tout ce qui trébuche, tombe, souffre, désespère.  

La nuit porte en elle assez de lumière pour y voir tous les rêves du vivant, tissant inlassablement la toile des univers.
Regarde!
Le mien est juste là!  
J’ai regagné ma place dans l’alphabet du cosmos et je danse, entre ciel et ombre, là où rien ne peut entraver la lumière. 
L’aube se lève.
                                

Patchouli Pogostemon cablin

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L’oreille de l’arbre

Mon Rêve est de toucher les étoiles, et c’est pour le nourrir que j’ai choisi de vivre immobile.

Mon Rêve est de toucher les étoiles, et c’est pour le nourrir que j’ai choisi de vivre immobile.
J’entends par mes racines, ce sont les antennes de mon âme. 
J’entends tous les chants qui vivent sur Terre, tous les murmures, toutes les danses, tous les crépitements, chaque larme qui tombe et chaque rire qui jaillit.
Fais attention quand tu marches; pose ton pied avec délicatesse sur le sol, pense avec joie, chante avec profondeur et agis avec courage.
Car tout cela je l’entends. Je le récolte, le fait circuler par ma sève jusqu’à atteindre les étoiles.
Alors, tes désirs les plus grands rejoignent les possibles de tous les univers.

Le Chêne, Hameau des Etoiles, 11.12.13

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Couleurs

En ces temps-là, il n’y avait pas encore de couleurs dans le monde. 
Il n’y avait rien d’ailleurs. Il y avait le jour. Blanc. Il y avait la nuit. Noire. 
On passait du blanc au noir, du noir au blanc.

En ces temps-là, il n’y avait pas encore de couleurs dans le monde. 
Il n’y avait rien d’ailleurs. Il y avait le jour. Blanc. Il y avait la nuit. Noire. 
On passait du blanc au noir, du noir au blanc. Entre les deux, vivait Transparence. Elle rendait toute chose plus douce, avec un peu de relief, un trait de texture, elle offrait des formes mouvantes et des nuances délicates aux noirs et aux blancs.
Transparence avait une qualité particulière: elle dansait. Un soir, alors qu’elle s’apprêtait à danser les différents noirs de la nuit à venir, elle aperçut quelque chose d’inhabituel dans la prairie au loin, à la lisière de la forêt: quelque chose sifflait et tournoyait sur lui-même dans une folle farandole. Un feu follet! Il dansait et chantait pour lui tout seul, et il était heureux.
Transparence s’approcha et vit d’autres feux-follets au loin, chacun dansant et chantant pour lui-même, et peut-être aussi un peu pour la nuit qui s’avançait.
Transparence s’approcha encore, pleine d’une émotion inconnue, jusqu’à ce que l’un des feux follet la vit; il s’arrêta net. Surpris par l’apparition de Transparence, il essaya de la toucher mais elle n’avait pas de corps. Ou plutôt son corps était toute chose qu’elle décidait d’approcher. Alors le feu follet, fonceur et curieux, plongea tout entier dans cette étrange apparition. C’est alors que Transparence vit la couleur pour la première fois: orange, jaune, avec quelques reflets de bleu, la couleur du feu follet. 
Voilà que quelque chose d’infiniment nouveau arrivait au bord du monde. Transparence entendit chanter la couleur orange. Un son ample, vaste, joyeux. Le jaune à son tour se mit à striduler, chant d’oiseau inconnu jusqu’alors. Chaque couleur était devenue un son et chaque son se transformait à son tour! Le bleu devenait de plus en plus vaste et libre comme la vie sauvage, tour à tour galop d’une horde de chevaux sauvages, un bruissement, un va-et-vient, un flux éternel. Bercée,Transparence voguait doucement, elle vit alors ses pieds nus entourés par le bleu et son chant, qui devenaient l’eau de l’océan, belle eau claire, et même parfois... transparente.
C’est ce soir-là qu’est né l’océan, dans la nuit noire après le jour blanc, grâce à Transparence, aux feux follets et à la lumière des sons, qui danse, qui chante et qui transforme.

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Avancer

J’avance avec peine au coeur d’un labyrinthe d’arbres et de pierres sombres et gigantesques. Ici, tout émane l’indifférence et le mystère. Un grand champ de bataille silencieux.

J’ai mis devant toi une porte ouverte que personne ne peut fermer.
— Jean, Ap

J’avance avec peine au coeur d’un labyrinthe d’arbres et de pierres sombres et gigantesques.
Ici, tout émane l’indifférence et le mystère. Un grand champ de bataille silencieux.
Au centre, il y a une porte. Le labyrinthe me transforme et chaque pas est à conquérir.
L’assemblée des arbres sera ma tombe si je n’arrive pas à mon rendez-vous, devant la porte. 
La porte! Cette porte justifie à elle seule mon existence toute entière. 
Pour franchir la peur, il faut que je lui fasse peur.
Je pars au combat. La guerrière s’est réveillée, je me choisis. 
Je vais me battre pour mon désir, je vais me prouver que je peux être un peu plus que moi!
Parce que chaque jour je laisse l’empreinte de mes pas, je choisis d’avancer et de trouver ma place et ma liberté dans l’univers. 
Elle est pour moi, et je vais la prendre toute entière.
J’ai existé jusqu’à ce jour pour vivre cet instant-là. 
J’ai déjà gagné mon ciel.

                                
Cymbopogon citratus 

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Ecrits Virginie Pols Ecrits Virginie Pols

Viens jouer

Petit chant du matin

Viens!
Toi qui a chevauché toute la nuit les grands vents du dehors, 
Viens en offrir les souffles qui font imploser les pierres, soulever les écorces et s’effondrer les murs 
Viens! Toi qui t’es baigné dans les forges des étoiles,
en rapporter le feu qui engendre le courage de chanter en brûlant
Viens, toi qui murmure avec l’eau et qui a bu à sa source fraîche,
Viens faire jaillir hors des gangues et des grottes, viens renverser les barrières et faire danser les vagues jusqu’au ciel
Viens, c’est l’aube,
L’heure de se recomposer encore une fois,
Viens, c’est ton tour, mêle ton chant à celui du monde qui brûle et qui rugit, 
chante au-dessus des os, baise la terre, enfonce tes doigts dans la glaise et sculpte un nouveau jour.
Viens jouer à être vivant!

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